Elvire Bonduelle cherche le bonheur. Elle crée des poignées pour être en prise avec la vie, des modules pour arrondir les angles ou des cales molles pour rendre la vie moins dure. Ces drôles d'objets révèlent souvent une dimension fonctionnelle absurde : un volume minimaliste devient ainsi un obstacle destiné à être utilisé pour s'entraîner chez soi.
Le travail d'Elvire s'apparente à un programme de développement personnel ludique et décalé : il s'agit véritablement d'une ascèse, au sens étymologique du terme : le besoin de l'exercice, de la discipline que l'on s'impose dans un but d'accomplissement de soi. Le bonheur est donc ici affaire de construction. À chaque problème, sa solution : les larmes sont utilisées comme motif ornant un manteau, le sang lui inspire une série d'objets en céramique, la mort enfin est tournée en dérision avec éclair, un cercueil en forme d'éclair au chocolat, cercueil gourmand dans lequel l'artiste pose, sourire aux lèvres. Par le biais de ces protocoles, Elvire Bonduelle élabore avec autant de sérieux que d'humour une stratégie poétique de détachement au réel. Ses œuvres pointent la fragilité de nos existences tout en proposant des méthodes pour se renforcer. Par l’introduction de la narration Elvire crée un monde parallèle où l’angoisse est progressivement désactivée, la mélancolie contrôlée. Du plaisir proposé comme philosophie.
étapes: n° 155, avril 2008